Le Labo Atelier
Couleurs et plantes
J’ai exploré diverses plantes et couleurs jusqu’à présent. Gaude, garance, sumac, châtaignier, noyer, chêne, rumex, millepertuis… des plantes locales des environ ou du jardin, parfois des déchets de cuisine. J’utilise également des plantes provenant de fournisseurs spécialisés qui privilégient des méthodes respectueuses de l’environnement si possibles locales, tels que Le Champ des Couleurs. Dès que c’est possible je récupère l’eau de pluie pour certaines étapes et je composte les déchets végétaux. Désormais une cuve d’indigo 100% naturelle au henné a pris sa place dans le labo.
MORDANÇAGE
Avant de teindre il faut préparer les tissus. Cette étape est primordiale et doit être minutieuse. Il faut débarrasser les tissus des apprêts (décatir) ou des lessives chimiques s’ils ont vécu.
Vient ensuite l’étape du mordançage : le mordant permet d’accrocher la couleur. On ne fixe pas la couleur on fait mordre le tissu sur cette dernière. Cette étape permet de créer un pont chimique entre le tissu et les futures molécules colorantes. L’alun sous diverses formes est le plus souvent utilisé pour cette opération. J’en utilise assez peu dans une démarche la plus végétale possible. Les plantes riches en tanin créent ou facilitent cette réaction naturellement comme le chêne, le sumac ou le châtaignier par exemple.
Le lait de soja fait maison est également intéressant et donne une odeur ronde aux tissus très agréable à travailler.
INDIGO FEVER
L’indigo mélangé au henné développe une odeur typique et singulière qu’il est difficile à décrire mais qui pourrait se traduire par ici et maintenant, ici et ensuite. Un mélange de tisane, d’odeur animale et minérale. C’est un indice et un appel au bon moment pour teindre et à son bon entretien pour qu’elle dure.
Pour créer et maintenir une cuve en état de teindre il faut l’observer et dialoguer avec elle pour comprendre ses besoins. C’est une chimie précise et qui pourtant évoque la magie. L’indigo n’est pas soluble dans l’eau il faut opérer une réduction en oxygène pour qu’il puisse rencontrer un tissu et s’y accrocher. Je trouve émouvant et extraordinaire que depuis la nuit des temps, partout sur Terre, les peuples ont posé les yeux et les mains sur cette réaction étrange pour faire du bleu.
L’indigo ne nécessite pas de mordançage car le processus s’effectue grâce à la réduction d’oxygène dans l’eau. Il faut cependant nettoyer les tissus. Le bleu se révèle alors après son passage dans la cuve en apnée. Une fois à l’air libre, les tissus passent du vert au bleu en s’oxygénant à l’air. La réaction se voit parfois plus lors du premier rinçage à l’eau claire, grâce à l’oxygène présent dans cette dernière.
labo/ cuisine
Je ne peux pas dissocier la teinture de la cuisine. C’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai débuté, en découvrant un article pour teindre avec des épluchures.
Faire la cuisine, jouer avec les couleurs, les saveurs et les textures est ma première passion depuis que je suis petite. Car c’est faire pour les autres, partager, offrir pour un temps parfois mémorable. Emménager à la campagne et dans une maison m’a permis de créer un lien très proche avec la nature et les saisons. Elles sont rythmées par les confitures de citrons ou de mûres, les hivers levain, les conserves de sauce tomate ou la cueillette de l’ail des ours et sa parenthèse de pesto vert vibrant.
